À première vue, tu sembles inatteignable. On te prend pour un adolescent, on t’imagine travailler dans un métier sans intérêt, perdu dans l’immensité de ce monde encore en reconstruction. Mais il n’en est rien, tu sais très bien ce que tu fais à ce moment présent. Tu es un homme s’ancrant dans cette nouvelle ère, participant à l’effort collectif pour tout créer. Mais avant tout, et on l’oublie souvent. Tu es docteur.

Tu es une personne serviable, malgré ton visage qui semble fermé à toute empathie. Pourtant, tu compatis, encore et encore aux situations stressantes et pertes qui s’empilent à chaque expédition. Tu ne pleures pas ces morts, tu n’aurais pas assez de larmes pour cela, alors tu te sers de ces cadavres pour permettre au vivant de perdre moins de sang la prochaine fois sous tes doigts. Tu es un expérimentateur, tu as besoin de faire pour comprendre et progresser.

Même si ça fait de toi quelqu’un de morbide.

Pourtant, tu y crois à ce monde comme tu crois les dires des autres. Tu es quelqu’un qui fait confiance, parce sans cela tu aurais probablement sombré dans le spleen des habitants de ton quartier. Tu t’abreuves de belles histoires, de petits miracles. Tu aimes ces moments de calme, presque ennuyeux. Tu aimerais être perturbé par les jérémiades de la jeunesse. Tu étais proche de ta famille et tu as sentiment étrange quand tu remarques qu’aucun cri de bébé ne perturbe les décombres. Tu veux délivrer la vie, c’est ton rêve le plus cher, mais tu ne fais que maintenir les vies actuelles sans certitude. Ce sentiment étrange t’habite, tu tentes de te dire que cela va changer, qu’il faut juste du temps, mais te dire que vous pourriez être les derniers te glace le sang.

Tu n’aimes pas te sentir inutile, alors tu as besoin de coupable. Noé.exe est tout trouvé, comme cette incubation qui t’a métamorphosé. Tu veux t’éloigner le plus loin de l’Arche, mais ta sœur y est encore, tellement de monde en dépend. Tu râles, tu veux aider plus que la peur du ridicule. Tu as choisi le pire quartier où l’espoir n’est plus pour y planter des graines.

La médecine est le soin, mais c’est aussi le bien vivre. Tu t’es tourné vers les connaissances pseudo-sciences par désespoir, pour trouver une tisane pour le stress, pour proposer un mélange qui peut booster la fertilité. Tu sais que ça ne sert à rien, mais tu pries pour que l’effet placebo change un peu la donne. En vrai, tu tentes d’ouvrir plus à tout, sauf à Noé.exe.

Tu es maladroit, mais tes intentions sont louables. Tu saccages les morts pour sauver les vivants, tu mens pour que ce monde soit plus doux, tu t’immisces un peu trop dans les couples pour que vous ne soyez pas les derniers de l’Humanité. Tu ne cèdes pas à la pression, ni aux échecs.

Tant qu’il y a du temps, il y a de l’espoir.

Une année était passée encore une fois. Un soupire accompagne tes pas. Tu vas rarement à l’Arche, mais chaque année sans exception, tu allais voir les incubateurs à la même date. Devant la plaque dorée au nom de ta soeur. tu t’asseyais au sol et sans un mot tu fermais les yeux. Le vrombissement des machines était imperceptibles, mais c’était ce qui différenciait ses cocons d’un funérarium. Tu restais quelques minutes ainsi, avant de lui parler, comme pour te préparer à ce que tu voulais dire.

Ou plutôt au récit de ta vie.

Tu lui racontais vos sorties au zoo de Lyon, où vous arrêtiez devant le lion d’Asie pour lui faire plaisir. Une vie plus simple, plus animé que l’endroit où tu vivais à ce moment-là. Tu te remémorais ces moments de ton enfance, pour ne pas oublier qu’il y avait une autre manière d’être. Tu évoquais rapidement les mercredis passés devant la télé, devant le journal de la santé, en riant à quel point tu étais fasciné et elle dégoûtée. Tu parles aussi des repas avec votre père et votre mère, de l’odeur de la friture dans votre appartement dans le premier. Des scènes tellement lointaines que tu te demandais depuis quand il n’y avait plus d’animations lors du déjeuner. Vous étiez heureux, vous étiez insouciants.

Tu ne parlais jamais de l’enlèvement, au grand jamais.

Elle qui voulait créer des robots, tu plaisantais qu’elle aurait été servie dans ce nouveau monde. Tu continuas ton récit, de ce fourmillement d’idées à la création d’idées lors de la création des quartiers. Tu masquais ce malaise où tu es devenu son aîné. Tu choisissais bien les informations que tu voulais transmettre. Tu lui parlais de tes premières expéditions, mais pas du premier homme que tu n’avais pas pu sauver. Tu étais trop jeune, tellement peu préparé. Tu ne parlas pas non plus des mutilations sur les cadavres, pour les comparer avec l’anatomie humaine avant les transformations. Tu ne pouvais que faire cela, tu n’étais qu’un adolescent.

Il n’y avait qu’à Altaïr où tu pouvais autant te salir les mains.

Tu lui avouais fièrement que tu étais médecin, même si ce n’était pas comme avant. Si tu réparais les corps, tu tentais comme tu pouvais réparer les âmes. Tu n’avais pas l’ambition de la psychiatrie, mais dans ce monde en ruines et aux traumas nombreux, tu t’y étais engouffré pour ne pas te sentir inutile. Tu racontais tes tests foireux, tu te moquais un peu de toi-même et de tes mélanges farfelus. Tu avais prévu de rester à Altaïr le temps de te former, mais tu avais commencé à t’y attacher un peu bêtement. Il y avait tout à fait, tout à donner.

Tu te revendiquais médecin, mais tu savais que tu agitais de l’air.

Tu racontais l’année où tu étais devenu majeur dans ton ancien pays, que tu fus surpris de ne pas voir de naissance. A Altaïr, tout était éteint, mais il ne faisait pas exception. Tu voulais donner la vie, mais il semblait que cela te fût refusé. Tu lui expliquas alors cette mission et ce rêve un peu fou. Celui de faire naître le premier enfant de ce nouveau monde. Tu parlais de tes essais à motiver tes semblables, tes nombreux échecs aussi avec beaucoup de philosophie.
Alors tu te tus, peu comprenais tes intentions et cela t’allait. Tu ne demandais à personne de comprendre. Même si tu te sentais seul, même, tu arrivais encore à recevoir des agonisants sous tes doigts, tu ne perdrais pas ton objectif.

Tu avais passé plus de la moitié de ton existence loin du luxe d’un lit confortable et des rires d’enfants. Tu t’accrochais au temps qui passait, à ce temps qui amenait le changement. Toi, tu avais changé, tu ne pleurais plus comme la première fois, tu gravais simplement les noms dans ton cœur. Toi qui ne savais pas coudre, tu réparais les vivants avec les ardeurs. Tu étais devenu compétent, sans doute plus que certains à ton âge à l’Ancien Monde, sauf sur certaines maladies bien entendu.
Tu restais confiant même si tu ne pouvais pas t’empêcher quelques fois que tu fusses en train de voir les dernières heures de l’Humanité.

S’il y en avait encore une.
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-Né à Lyon dans une famille aisée avec une sœur d’un an son aîné.
-Sa Mère étant gynécologue et son père kinésithérapeute, il a toujours baigné dans la médecine
-Il a toujours voulu travailler dans le soin et très rapidement dans son enfance, il a voulu s’occuper des bébés. Il commença à feuilleter les livres d’anatomie de sa mère à 8 ans.
-Enlevé à 10 ans avec sa sœur dans le parc de la tête d’Or, il avait voulu chercher un ballon.
- A son réveil, même si triste pour ses parents, il avait été soulagé de voir que sa sœur était avec lui, juste encore incubée.
-Au début, il était enchanté des changements physiques et de la nouveauté, il a participé activement à la reconstruction malgré son « jeune » âge.
- très rapidement orienté dans le soin, il avait lu tout ce qu’il pouvait sur l’anatomie humaine
-sa première expédition a été un fiasco dont un mort.
-Il s’était installé au début à Altaïr pour « pratiquer » en paix.
-Son activité à Altaïr consistait plus à tenter de traiter les syndromes post-traumatiques; les angoisses et la rééducation que les blessures.
- Il est devenu chiant avec les enfants à 18 ans.
- A pour but de faire naître le premier humain après l’Eveil.
- Est devenu flippant à ce niveau-là à partir de là.