Just close your eyes, it is just a lullaby... TW Voliences et Idées noires UC16Featuring Wei Dupond/ Just a lullaby..

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Dans le tramway qui menait à Altaïr tu regardais le paysage sans vraiment en saisir les contours. Tu fredonnais une berceuse que ton frère te chantait souvent enfant. Les étoiles commençaient à parsemer le ciel. Tu te sentais triste et seule. Même Grégoire ne savait plus quoi faire face à l’enfer qui envahissait ton cœur. Tu avais ton arme d’exploration, d’habitude les flèches qu’elle lance servent juste à endormir mais dans celles-ci tu avais mis du poison, le poison d’une grosse araignée plus exactement, la flore qui guérit donc peut tuer à haute dose est rare sur ce qu’est devenue la  terre.

Tu n’aimais pas tuer les araignées mais tu en avais besoin pour chasser ta douleur, tuer le médecin qui l’avait laissé mourir.

Ton arme dans ta poche fermée, un pull avec grande poche comportant une fermeture éclair, un pull sombre aussi. Tu tentais d’ignorer les pleurs qui montaient, te répétant en boucle que tu n’étais plus une petite fille.

A l’arrêt à Deneb, les parfums t’assaillirent, tu avais oublié de manger aujourd’hui mais de toute façon tu as le ventre noué. Faisais-tu vraiment le bon choix ? Tu ne le savais pas. Était-ce un agissement suicidaire ? Tu n’en savais rien. Mais qu’importe. Ton frère méritait bien qu’on punisse celui qui lui avait permis de mourir ?

Non petite sotte, ce n’est pas comme ça que cela marche si tu veux vivre heureuse. Mais ça tu l’ignorais, tu étais aveugle comme les chevaux aux caches-œils autrefois,  tu ne voyais pas la mine qui t’étouffait te brisait et tu ne savais pas comment en sortir.

Enfin le tramway s’arrêta à  Altaïr, tu frissonnas autant de froid que de peur. La décharge qui était devant toi quand tu franchis la porte te fit penser à cet animal cloné et désactivé dedans.

Tu te sentais pareil, tu ne pouvais plus réfléchir, tu voulais qu’on te désactive mais tu n’étais pas un clone, personne ne t’y aiderait, et puis avant de mourir tu devais désactiver quelqu’un d’autre.

Tu savais que ton frère ne serait pas d’accord s’il était là. Il était passionné par le vie ce bêta. Tu compris que cet acte était purement égoïste et tu hésitas un instant. Puis tu murmuras un «pardon», petite imbécile qui n’en peux plus, oui petite idiote qui souffre tant qu’elle a besoin d’un bouc émissaire pour vivre...ou ne plus vivre qu’importe. La souffrance est trop forte.

« Il le faut... » dis-tu, le silence accompagna tes paroles d’enfant perdue. La poussière se soulevait à chacun de tes pas. Tu te moquais dans quel état tu mettrais tes habits, en exploration tu les négligeais aussi.

Quelques lumières étaient encore allumées. Tu fis attention à ne pas te faire voir, cet endroit peuplé de petites maisons contre le mur du quartier ressemblait à un bidonville, tu fermas les yeux très fort promettant à ton frère d’aller le voir à sa tombe d’ Altaïr si tu survivais.

Puis tu avanças vers la maison du docteur. Tu la connaissais pour être de nombreuses fois venue la repérer à  Altaïr ces dernières années.

Tu arrivas près de la porte, elle était fermée mais la serrure usée ne tint pas longtemps. En même temps tu levas ton arme dans un :  « On ne bouge pas ! » Peut-être se retourna t-il. Tu aurais dû tirer, tu l’aurais eu facilement il était à peine à deux mètres de toi. Mais tes mains tremblaient et tu ne pouvais plus retenir de gros sanglots. Tu étais debout cependant arme pointée sur le médecin, hésitante.

« Ne bougez pas ou je tire ! »

Tu n’es qu’une petite fille qui ne trouve pas la lumière au bout de la caverne et qui épuisée veut détruire celle-ci. Et ce médecin, un innocent que tu avais besoin de tenir pour coupable afin de ne pas retourner l’arme contre toi.

N’as tu pas vu que du haut de tes dix-huit ans tu as la vie devant toi ?

Espèce de bêtasse...

Just close your eyes, it is just a lullaby... TW Voliences et Idées noires UC16Featuring Wei Dupond/ If I Killed Someone For You

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« Vous semblez sur le point de vous écrouler. Venez prendre une tasse d’infusion, vous aurez tout le temps de me braquer ou de me tirer dessus ensuite. »

Tu levas plus haut ton arme, vers sa tête. En effet, une agréable odeur de plantes imbibait la cabane, enfin maison selon les critères de chacun. Tes larmes continuaient à t’en brûler les yeux.

« Je ne vais pas m’écrouler, je ne suis plus une enfant. » Tu étais vexée et pourtant...

Oh que si tu l’étais encore, une enfant perdue qui se veut forte et protectrice mais qui ne croit même plus en sa propre existence ni en ce monde qui souffre et que avec de grands efforts on veut guérir. Selon toi en vain… Mais ton frère appréciait intensément la vie alors tu continuais son combat, pour lui mais aussi pour les autres. Même si c’était vain tu voulais apporter des éphémères sourires car il souriait toujours en disant que chacun en avait le plus haut droit.

Pourtant toi sourire sincèrement tu ne le pouvais plus. Tu ne voyais plus la lueur de ses yeux optimistes et surtout…

« Vous pouvez prendre la tasse sur mon bureau, je viens de la faire. Asseyez-vous si vous le souhaitez et on va discuter de la raison de votre venue, d’accord ? »

« Menteur ! »

Tu avais presque crié mais tu n’avais pas tiré, pourtant ton doigt était sur la gâchette…

« Menteur ! » répétas-tu à l’adresse du médecin avant de dire :  « Ils mentent tous, tous ! Tout ira bien… Ils peuvent parler ! DES ENFANTS SONT MORTS ! »

Ta voix tremblait tellement que tu avais du mal à parler, tu sanglotais à gros goulots mais tu sentais encore ton doigt sur la gâchette. Tu savais ce que tu avais à faire et pourtant.

« Il pleurait en dedans… Lui qui ne s’était permis que de sourire pour moi… Il croyait avoir échoué… Mais il a réussi… Il m’a rendue heureuse vraiment… Et vous... »

Tu tentas de ravaler tes larmes, en vain, tu aurais voulu le tuer, te tuer aussi...Tu aurais voulu lui demander de t’achever, mais il devait mourir ou tout cela n’aurait aucun sens. Tu baissas cependant ton arme : « D’accord, je vais m’asseoir mais je garde l’arme ! »

Tu t’assis sur une chaise avec coussins gardant l’arme contre toi, la serrant comme si ta vie en dépendait. C’était peut-être le cas.

Tu tremblais et te sentais fiévreuse un peu, l’émotion sûrement, peu de maladies atteignaient les humains du nouveau monde, tu avais chaud si chaud à la tête et en même temps tout ton corps était glacé. Tu devais arriver à te calmer.  Tu pris la tasse d'une main et l’observas un instant.

« Qu’est ce qui me prouve que vous dîtes la vérité sur ce breuvage ? Je ne compte pas mourir de suite ! » Tes mots étaient hachés par tes larmes qui roulaient plus lentement, plus silencieuses sur tes joues. Tu ne lui faisais aucune confiance. Tout en regardant la tasse tu dis d’une voix douloureuse :

« Je ne compte pas mourir avant de vous avoir tué vous savez... »

Tu repris, ta voix grelottait tu l'aurais voulu sûre pourtant...

« Car vous avez laissé mourir mon frère sur une promesse, sur quelque chose qu’il n’avait jamais raté et que pourtant il m’a jurée de promettre : « d’être heureuse. »»

L’arme était toujours dans ta main libre collée à toi comme un doudou rassurant mais tu n’avais plus le doigt sur la gâchette.

Où t’es tu encore perdue petite fille ? Toi qui as si peur… Es-tu lionne ou chaton ? Tu n’es qu’un chaton. Tu aiguises tes griffes et craches, mords même pour être forte mais au fond c’est toi que tu perds petite Elsa.

Dix-huit ans, Elsa...Tu vas vraiment t’arrêter là ?

Just close your eyes, it is just a lullaby... TW Voliences et Idées noires UC16Featuring Wei Dupond/ I hope you die

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« Convaincue ? »

Effleurement du docteur, sursaut de ta part,  quand il te redonne la tasse, lent, avec précaution tout comme quand il l’a pris. Il a voulu te montrer que ta logique n’en était pas une, il a raison mais tu es trop blessée pour t’en excuser.

« Oui mais je ne vous demanderai pas pardon ! »

Ton regard se perdit dans le vague sans pour autant que tu cesses de tenir ton arme contre toi.

«  Vous ne le méritez pas. »

Ton regard se voila de larmes alors que tu tournais un regard furieux vers le docteur. Mais il se contenta de dire : « Quel est son nom ? De votre frère, j’entends. »

Tu ne pus plus retenir ton chagrin et ta fureur.

Tu hurlas :

« Et vous l’avez oublié en plus ! Vous avez fait votre apprentissage sur des cadavres ou quoi ? Ça ne va pas de ne pas tenir compte des vivants comme ça ! » Tu ajoutas, la voix plus tremblante: « Moi je ne l'ai pas oublié.»

Des larmes silencieuses perlèrent goutte à goutte sur tes joues, doucement, lentement, comme si ta douleur s’exprimait par une petite pluie.  Une goutte, deux gouttes, trois gouttes et ainsi de suite, il pleuvait sur tes joues, il pleuvait sur ta vie.

«  Pourquoi ? Pourquoi vous m’offrez une tisane et de parler au lieu que je veux vous tuer. » hoquetas-tu entre tes sanglots. « Vous ...Vous êtes vraiment un imbécile ! Et les imbéciles ils meurent en ce nouveau monde ! Et vous savez pourquoi ? »

Tu tentais de retenir tes pleurs en vain : « Car ils sont seuls, après la mort de Pierrot j’avais beau enchaîner les missions, avoir en ami Grégoire, rien n’y a fait, la douleur rend irrémédiablement seule  ! Je suis une imbécile de ne pas réussir à vivre et vous l’êtes aussi en proposant une boisson chaude à votre meurtrier ! »

Tout ça c’était bien lourd pour tes épaules encore enfant petite Elsa, vraiment trop lourd.

Tu explosas en larmes, un océan de souffrances qui t’écrasait avant de lui hurler : « Pourquoi vous avez provoqué tout ça ? POURQUOI ne pas l’avoir soigné assez pour qu’il reste en vie ? »

Tu  frottais ton arme comme on caresse un chat, au fond elle te rassurait, te donnait le seul chemin que dans ta douleur immense tu voyais devant toi. Tuer et se tuer.

Tu avais oublié à quel point la scout sur qui tu veilles compte pour toi, tu n’étais qu’une petite orpheline, une enfant assise sur une chaise à qui on vient d’apprendre que ceux qu’elle aime ne sont plus, qu’elle ne pourra plus leur prendre la main, leur parler, rire avec eux, les taquiner, les voir, entendre le son de leur voix, partager un quotidien de détails que l’on ne voit pas mais qui deviennent important une fois la mort venue.

Tu tentais de reprendre contenance l’arme serrée sur ton ventre, caressée par tes mains de sortie de l’adolescence comme un doudou d’enfant.

«  Je dois vous tuer vous savez je dois vraiment vous tuer car vous avez détruit ma vie et celle de Pierrot, c’est fini vous comprenez ? »

Tu pressas l’arme dans ta main mais sans un geste de plus. Tu voulais tuer mais en vrai pas le docteur ni toi, non tu voulais juste tuer ta douleur. Mais tu ne le réalisais pas vraiment.

Cela t'écrasait mais tu n'en accusais pas ta souffrance non tu en accusais le médecin qui n'a pas pu éviter le drame. Car se voiler les yeux est plus facile que s'en sortir.

Just close your eyes, it is just a lullaby... TW Voliences et Idées noires UC16Featuring Wei Dupond/ La fillette de l'étang

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Le docteur se mit à parler calmement, doucement. Tu grimaçais mais ne dis rien pourtant tu voulais le tuer alors pourquoi ?

« Pierrot Waynelle, décédé à 19 ans pour cause d’hémorragie avec défaillance viscéral. Quand il est arrivé, sa tension était de 5 à son arrivée avec une tachycardie prononcée, surtout la plaie n’avait pas été refermée correctement. La cause de l’hémorragie est due à crash de planeur où il a sauvé sa sœur.  Vous êtes infirmière n’est-ce pas ? Vous m’avez assisté ce jour-là. Vous devriez reconnaître ce qu’un tel tableau clinique signifie. Très défavorable. A vrai dire, à moins d’avoir les technologies de l’Arche, il était impossible de le sauver.»

Il te transperce de ses yeux rouges tu fais de même de tes yeux noisettes, tu trembles pourtant, pourquoi tu trembles Elsa ?

« Je crois que vous vous méprenez à mon sujet. Si vous aviez comme unique objectif de me tuer. Vous auriez eu déjà suffisamment d’opportunité de le faire. J’en conclus donc que vous voulez autre chose de moi... Je suis médecin, j’ai vu beaucoup de gens mourir pour des erreurs de calcul, de jeunes qui ne croyaient que rien ne pourrait leur arriver comme j’en ai sauvé. Si vous vouliez trouver un coupable, vous pourriez vous dire que c’étaient les personnes qui n’ont pas pensé à le cautériser avant de venir me voir, lui-même parce qu’il est parti blessé avec des débutants. Sans doute était-ce plus simple d’accuser la dernière main qui l'a touché de son vivant. »

Ta main se serre sur ton arme plus fort comme si tu serrais un nounours, tu voulais hurler sur lui, le déchiqueter, lui arracher le cœur mais tu ne pouvais que trembler comme une condamnée à mort face à la vérité.

« Je suis désolée pour votre perte, mais vous n’êtes pas une tueuse et votre frère n’aurait pas voulu que vous le deveniez pour son salut. Il vous veut heureuse, est-ce que mettre fin à ma vie va vous rendre heureuse ? »

« Non... »

Ta voix n’était qu’un murmure bas, souffle de douleur, pesant aussi, trop lourd pour toi petit chat.

« Non.. »

Tes yeux se remplissent de larmes à ce nouveau chuchotement un peu absent.

« Vous ne comprenez donc pas que c’est que c’est ... »

Tu déglutis, ça ne sortait pas, en revanche ta tête tournait et tu respirais bien trop vite, bien trop fort malgré tes larmes. Ta main était moite sur l’arme que tu ne serrais plus. Dans ton état d’angoisse tes mains se relâchèrent et elle tomba à terre dans un bruit sourd.

« Je... »

Cette fois tu trouvas le courage de le dire : « Ce n’est pas votre faute ! »

Tu as été sèche, catégorique et une pensée te traverse l’esprit. Elle t’envahit comme un poison rapide, violent. Tu te baisses pour ramasser l’arme sous ta chaise, c’est ma faute, j’aurais du cautériser direct et mieux, j’aurais dû le savoir, j’avais quatorze ans , j’étais assez grande, je…

« Ce n’est pas de sa faute non plus.  Je ne pourrais même pas réaliser son dernier souhait...Être heureuse, hein ?» Tu ris jaune alors que tes larmes coulent, alors que ta souffrance te noie, alors que ta solitude sans lui et la vérité te font vaciller telle une funambule sur un fil qui tremblerait. Une funambule qui va tomber elle aussi dans le vide. Comme son frère autrefois.

Ou peut-être pas ?

Ta main s’approchait dangereusement de l'arme que tu n’avais pas encore tout à fait à portée. Qu’allait faire le docteur ?