Tu ne comprends pas Wei, tu ne te doutes pas un seul instant de ce qu’il va arriver. Tu es agacé, mais tu ne comprends pas le double sens que tu as mis sur le tapis. Tu ne comprends pas ce changement de température, ni ce rouge qui se peint sur ses joues. Elsa te rétorque, tu es déjà blasé. Tu te doutes que ce ne soit pas le cas, mais cela ne t’intéresse pas vraiment.

Tu veux juste qu’elle réalise qu’elle a tort de tuer les enfants dans l’œuf, littéralement.

Tu la laisses parler parce qu’elle s’enfonce seule et moins tu saisis la situation. Elle est majeure non ? Tu n’as pas demandé un exposé, tu ne la juges pas de ne pas d’avoir d’expérience, en vrai cela t’énerve juste qu’elle ne profite pas de ces années de meilleurs fertilités, mais vu son état actuel, elle a déjà besoin de comprendre qu’elle doit vivre. Perplexe, tu te demandes pourquoi elle change autant d’émotion pour une simple question sur le coup de la colère.

Tu n’es tellement pas prêt.

Tu te demandes pourquoi elle est d’un coup si sûre d’elle, tu te demandes pourquoi elle caresse la main de l’homme qu’elle a voulu tuer quelques minutes plus tôt. Vos yeux se rencontrent et tu es troublé, parce que tu ne comprends rien Wei. Tu restes muet, parce que tu essaies de comprendre, mais cela dépasse ton raisonnement.

Et il est trop tard pour empêcher le contact.

C’est … Etrange. Tu n’as vraiment pas d’autre mot pour décrire ce baiser. Peut-être parce que cela ne t’a jamais intéressé, peut-être parce que tu n’as jamais désiré autrui, mais finalement, cela ressemblait à un contact entre deux peaux. Instinctivement, tu te touches la lèvre inférieure et tes yeux dans le vague cherche une réponse que tu ne peux pas trouver avec tes connaissances.

Tu reviens sur Terre d’un sursaut quand elle te demande son arme. Enfin un peu de logique dans ce monde. Finalement, elle ne veut pas te tuer aujourd’hui, puis tout court. C’est déjà bien de savoir que tu as une ennemie en moins.

« En effet. »

Mécaniquement, tu sors le pistolet et les yeux baissés, tu le bidouilles pour sortir les balles. Tes gestes vont à l’essentiel, même si tu ne connais pas spécialement ce modèle. Tu fonces les sourcils, tu es encore perdue dans ce qui vient de passer. Tu lèves la tête brusquement, et ajoutes comme pour réparer les pots cassés :

« Par contre, êtes-vous conscientes que ce n’est pas comme ça que l’on fait des enfants ? Je ne sais pas ce que vous avez essayé de prouver, mais c’était contre productif. Et ce n’est pas une invitation avant que vous recommenciez à vouloir prouver votre maturité. Il vaut mieux s’essayer avec des personnes de confiance, non avec la personne que vous avez essayé de tuer. Vous pourriez tomber sur quelqu’un qui profiterait de vous.»

C’est comme cela que tu gères l’irrationalité. Tu lui tends son pistolet avec un visage beaucoup moins dur. Elle a sans doute juste voulu de contredire, tu ne cherches pas plus loin, tu ne veux pas chercher plus loin. Cet univers n’est pas le tien.

« Prenez soin de vous, Elsa, c’est ce qui est important. Vous êtes aussi importante sur cette terre que moi. Si vous avez besoin de parler, vous êtes la bienvenue à mon cabinet. »

Tu réalises brusquement que c’était ton premier baiser, mais tu ne sais pas vraiment si tu dois le compter. Tu es froid à cette question Wei, mais ce n’est pas grave. Peut-être qu’un jour ton cœur bougera pour un autre autrement que dans la peur de ne pas pouvoir le sauver.

@Elsa Waynelle