Rue commerçante au sein de laquelle semble abonder une masse de corps interminable. Brouhaha et sourires. Ce quartier vit et il ne se garde de le crier haut et fort. Son bandeau relevé dans ses cheveux, Abigail arbore une robe noire, un peu courte peut-être mais qu'importe, elle n'est pas là aujourd'hui pour faire des cascades ou pour affronter de viles créatures. Dissimulée à l'ombre d'une ruelle, le plus à l'écart possible de la foule de l'anxiété et de cette possibilité de ne pas pouvoir faire un pas sans être assiégée, sans devoir laisser place à l'héroïne du peuple que tout le monde attend. Et puis ici, il fait bien plus frais. En effet les températures sont bien clémentes, trop clémentes pour la peau pâle, trop pâle de la jeune femme. Un léger soupir lui échappe alors que son regard céruléen, elle continue de scruter, visiblement, elle cherche quelque chose. Quelqu'un.
Chaque chevelure rousse semble être un nouvel espoir, elle se dresse sur la pointe des pieds pour tenter d'y voir plus clair, manque à plusieurs reprises de quitter sa cachette avant de s'apercevoir que ce n'est finalement pas celle qu'elle attend. Une légère moue contrariée sur le visage son dos revient se poser contre le mur frais. Est-ce qu'elle viendrait seulement, elle lui avait proposé de se revoir comme ça sur un coup de tête. Et avec la grosse expédition qui se préparait, sans doute avait-elle mieux à faire que de venir traîner avec elle.
Une légère angoisse prend place aux creux de son ventre. Peut-être ferait-elle mieux de ne pas perdre de temps avec de telles frivolités, peut-être devrait elle s'entraîner plus dur que jamais. Tunnel vision sur son objectif. Sur leur objectif. Parce qu'elle ne se faisait plus vraiment d'idée. Elle ne vit au final que pour eux. Et eux il la font vivre, l'héroïne du peuple. De ce peuple rassemblé ici, l'air presque insouciant. Ce qui signifie qu'au final elle ne s'en sort pas si mal. Et ce n'est que le début. Elle les porterait plus loin encore, aussi loin qu'elle pourrait aller. Aussi loin qu'elle devrait aller. Elle déglutit doucement, faisant fi de ses angoisses, elle passe de nouveau la tête hors de la ruelle avant d'ouvrir son netlink, pour envoyer un petit mot à l'éclaireur.
Fatiguée. Ton avant bras toujours troué de ta dernière mission. Tu n'étais pas sortie de chez toi depuis. Lisbeth attendait. Eteinte, comme souvent. Tu ne l'avais pas allumée depuis ton retour. Presque dans le même état qu'à la mort de ton frère, tu ne bougeais pas de la couette, de ce pull qui grattait. Les moments revenaient en boucle. L'infirmière blessée. Le traumatisme du chef d'escouade. Tes décisions qui pouvaient soulever moult questions. L'angoisse s'était installée depuis, et était loin de partir.
Mais aujourd'hui, tu avais réussi à te lever. Pas sortie pour autant, tu errais dans ton antre sans lumière. Un croquis abandonné sur ton bureau, chaque trait dessinant les montagnes enneigées te ramenaient à chaque fois à l'homme te tenant par le col. Le crayon dans ta main, rien n'avançait. Même la musique n'apaisait pas ton humeur, malheureusement.
Sonnerie. Tu regardes ton netlink, c'est l'héroïne du peuple. Tu avais pensé à elle, entre quelques pensées parasitées. Elle t'a aidée jusqu'au bout, allant même jusqu'à te faire manger d'elle-même. La teinte charbon s'efface alors que tes yeux se posent sur le visage. Pour une fois, tu n'étais pas qu'une simple partenaire de mission. La dame aux cheveux neiges voulait te voir, sûrement. Alors bon. Pourquoi pas. D'une main lente, tu réponds à son message, hésitant sur chaque lettre de chaque mot.
- J'suis chez moi. T'es où ? J'te rejoins. -
Tu récupères une veste, et l'enfile. Première sortie depuis, tout avait été chassé par son message. Bien que tu ne la connaisses pas vraiment, juste voir quelqu'un te ferait du bien. Alors tu descend dans la rue en trombe, et commence à marcher à travers Deneb en cherchant de l'oeil.
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Sujet: Stop and smell the Roses 
Sam 3 Avr - 18:35
