Quelque chose ne va pas.

La réaction d’Elsa ne te rassure pas, tu la vois partir en désobéissant à votre chef. Mais tu n’as même pas le temps de t’inquiéter pour elle que les mots de Minsu mettent un peu plus de poids sur tes épaules. L’inconnu n’est pas une bonne nouvelle, encore moins quand il venait du vétéran du groupe. Tu remarques que son corps est un bloc, tu perçois les rictus, les mimiques de ton camarade qui te fait dire qu’il est hyper vigilance. Mais tu ne dis rien, tu sens que ce serait pire.

Quelque chose ne va pas et ça ne s’améliore pas.

Tu crois entendre des paroles sans sens, mais tu doutes de ta propre perception. Parce que cela ne te semble pas humain, mais cela est pourtant intelligible. Cela n’a pas de sens et pourtant. Cela te fait vaciller, mais si tu ne le montres pas. Le cri de Minsu te fait pencher davantage ainsi que son acte insensé de prendre le planeur. Cela te semble insensé, et pourtant tu te retrouves à dire à ceux qui hésitent:

« Partez. Vite. On s’occupe d’eux. »

Tu t'en fiches s'ils t'écoutent ou non, mais tu l'as dit. Il n’y a pas de raison que plus de personnes risquent leur vie, mais tu te surprends à suivre le mouvement. Tu pourrais te replier, mais tu es médecin, alors tu serais plus utile dans le gouffre que sur Terre. Tu ne le sens pas, mais tu sens que c’est la chose que tu dois faire. Et puis tu as ta curiosité, tu te demandes ce qui se trame et de quoi – voir qui – provient cette parole. Tu sais que cela est une mauvaise idée, mais tu veux savoir, plus que n’importe qui d’autre. Alors tu prends ton planneur et tu suis Minsu. Sans doute trop proche pour ton propre bien. Peut-être que la cheffe a besoin de soins.

Tu n’es pas prêt à voir la cité, tu n’es pas prêt à voir la créature, parce qu’il faudra que tu te demandes ce qu’est l’Humanité en somme. Mais tu étais prêt à soigner le blessé quand il n’y aura plus la menace.

Mais tu as un mauvais pressentiment.

@Elsa Waynelle