Weep, little lion man ☾ wei

TREMBLE FOR YOURSELF, MY MAN, YOU KNOW THAT YOU HAVE SEEN THIS ALL BEFORE

WEEP, LITTLE LION MAN

Mischa ne se souvenait pas de grand-chose de la vie d'avant, à tel point qu'elle se demandait si elle n'avait pas un peu fait exprès d'oublier. Evidemment, tout le monde ici n'avait que des brides imprécises concernant leur souvenirs d'avant, mais elle se sentait particulièrement esseulée dans ses souvenirs.
Elle se souvenait pourtant de Kruger. Pas vraiment du nom, mais du safari, des animaux, d'une autre petite fille blonde qui riait avec elle mais dont on n'arrivait pas vraiment à revoir le visage.
Cela rendait la ménagerie encore plus nostalgique pour elle, ce n'était pas juste un lieu où l'on pouvait voir un mirage du monde d'avant.
Non, c'était pour elle, la vie d'avant.
Même si elle était a peu près sûre que les poissons ne volaient pas et que les lions ne cohabitaient pas avec les gazelles à l'époque.
Et qu'ils étaient un peu plus physiques aussi, sûrement.

Elle appréciait le calme du lieu aussi, loin des tumultes de Deneb dont elle revenait, après avoir eu l'énergie insoupçonnée d'aller acheter quelque chose de décent à manger, même si son vagabondage rendrait son dîner froid avant qu'elle ait eu le temps de rejoindre Altaïr.

Elle s'assit sur des marches, regarde les hologrammes passer, ouvre une canette.

Et elle reste là, au milieu des chimères de lumières de la ménagerie.
Profondément seule, mais un peu moins solitaire en même temps, avec son passé, son histoire, un soupçon niché au creux de son âme et qui se manifestait trop peu souvent.

Et quelque part en bas des marches une autre présence se fait sentir, aux allures bien familières, le regard tout aussi perdu dans le passé qu'elle.
Elle s'approche sans bruit dans son dos, et le sort de ses pensées.

▬ Tu sais, c'est pas des vrais, tu pourras pas les disséquer, les lions.

Weep, little lion man feat. Mischa

Du lion nait la mélancolie d'autrefois, du pavé au rugissement qui ne sera plus

Aussi étrange que cela pouvait paraître, tu ne détestes pas les animaux. Tu n’apprécierais probablement pas en posséder comme à l’ancienne époque, tu es un homme trop occupé de nature pour te permettre une telle responsabilité par rapport à l’apport de leur présence. Tu n’es pas indifférent, mais quelque part, il t’émeut moins que les humains en général. Pourtant, tu ressens toujours un pincement de cœur en te remémorant le miaulement du chat de la maison, des aboiements dans les rues.

C’est sans doute pour ce sentiment nostalgique que tu allais de temps à autre à la ménagerie entre deux entraînements, et aujourd’hui ne fait pas exception.

Tu es venu sans vraiment y penser, comme une habitude qui ne fallait aucun cas déroger. Emmitouflé dans ta veste au lieu de ta blouse, tu t’es installé en bas des marches au même endroit depuis des années. Tu scrutes les fantômes du passé te remémorant leur nom et leur ancienne localisation géographique de l’Ancien Monde. C’est un petit jeu entre toi et toi-même, pour tester ta mémoire et ancrer cette partie du passé qui ne peut être restaurée. Tu peux passer des heures à les observer, à rechercher les patterns de déplacement et de comportement, comme pour trouver une faille dans cette simulation un peu trop parfaite.

Mais une voix familière interrompt ta partie. Tu te tournes vers son origine et reconnais la fossoyeuse de ton quartier. Pas un muscle ne semble réagir à sa présence, pas une accentuation ne semble perturber ta réponse.

« C’est bien dommage en vrai. Mais sans doute que cela m’aurait fait quelque chose d’étudier un lion. »

Tu utilises des mots moins crus pour la forme, mais tu ne trompes personne. Malgré tout, tu es sincère. Le lion est beaucoup de choses pour toi, un souvenir d’enfance, que ce soit le vrai dans le zoo ou le symbole de ton ancienne ville. Tu ne serais pas dégoûté, tu as déjà mis trop les mains dans la chair pour que cela te fasse quelque chose. Mais peut-être un peu d’émotion de pouvoir toucher sa fourrure. Pour réaliser un des rêves de ta sœur.

« Tu as déjà vu un lion, un vrai ? »

Tu n’attends pas vraiment à ce qu’elle développe. Tu galères déjà suffisamment pour qu’elle accepte les infusions en échange de son silence. Mais tu espères qu’aujourd’hui, c’est le jour où tu pourrais réussir à l’atteindre un peu plus. Elle a lancé, la conversation. C’est un miracle en soi

Tu es de bonne humeur toi aussi, ton intérêt transpirait presque de ton sourire indicible.

@Mischa Van Ryneveld J'espère que cela te va, au moindre problème n'hésite pas !

Awful

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WEEP, LITTLE LION MAN

Elle arqua un sourcil, nonchalamment interloquée.
Elle avait dit cela au second degré, une petite pique peut-être, et la voilà avec une réponse complètement terre-à-terre d'un homme à peine brusqué d'être surprise, comme s'il avait toujours su qu'elle était là, comme si la dissection d'hologrammes était un sujet habituel et mondain.
Même Mischa en perdait ses mots.

Tu as déjà vu un lion, un vrai ?

Elle se mit à croupit, ses yeux tout aussi perdus dans la fausse fourrure des mammifères. Jasper et Alaric avaient des allures de lions à l'époque. Flamboyants et magnifiques sur le terrain, en branlaient pas une pour faire le ménage à la maison. Mais ce n'était pas des vrais lions. Elle cherche dans sa mémoire. La couleur, la texture du pelage, l'éclat des yeux, la majesté de la démarche.
Migraine.

▬ Sûrement. On avait plus l'occasion de faire des safaris avec des vrais lions par chez moi que vos autres connards d'européens.

Dixit une descendante desdits connards.
C'était un peu triste de ne pas s'en souvenir. De se dire que sans ces mémoires perdues, on en reverra jamais. Elle aimait bien les safaris.
Sa sœur encore plus.

▬ Peut-être que ma petite sœur s'en souviendra si elle se réveille.

Les mots lui avaient échappés. Elle ne parlait jamais d'Adelheid. Elle ne parlait jamais des autres, en bas, ces chanceux encore torpeur. Son cœur regrette immédiatement mais son visage reste impassible.
Et on prie pour qu'il l'ignore et passe à autre chose.

Weep, little lion man feat. Mischa

Du lion nait la mélancolie d'autrefois, du pavé au rugissement qui ne sera plus

Accroupie devant toi, tu ne cherches pas vraiment de vraie réponse. Tu attends, patiemment. Un contact, aussi infime soit-il est un miracle, surtout venant de Misha. Tu la connais depuis longtemps, pourtant, elle est presque une étrangère. Elle connaît tes agissements et tu paies son secret tout simplement. Malgré tout, tu as toujours laissé une oreille attentive pour elle.

Car avec le temps, on s’attache toujours un peu.

Tu ne peux pas réprimer une esclaffe en entendant parler de connard d’Européen. Tu n’as pas pensé qu’elle se serait rappelée de tes origines. Il s’agit de Misha après tout, celle qui mange les blattes crue (tu travailles là-dessus, assurément.). Tu as un peu de fierté mal placé, mais tu n’en pipes pas mots.

Parce que la suite mérite toute ton attention.

La fossoyeuse jamais de sa sœur, ou du moins à ta personne. Peut-elle voir ton trouble l’espace d’un instant. Tu te ressaisis et tu te redresses tes yeux rivés vers les lions factices. Tu veux pousser, de toute ton âme, tu veux t’accaparer la brèche, mais elle te trouve déjà indésirable. Ton regard s’est dérobé pour ne pas qu’elle se sente menacée. Tu tentes, sans vraiment y croire :

« Je n’en ai jamais hors du zoo, mais c’est l’animal préféré de ma sœur. Elle me cassait les oreilles à chaque fois. Les lions de Lyon. »

Cette dernière phrase que tu prononces en français a un goût amer. Tu ne sais pas si tu pourras l’entendre de nouveau de sa bouche, ou avant que tu sois un médecin à la retraite. Donnant donnant tout simplement. Parce que toi aussi tu ne parles jamais d’elle.

« Elle arrêtait jamais avant de les voir. Maintenant, je regrette presque de ne plus l’entendre cette voix suraiguë… Tu as vu aussi des pangolins ? »

Tu changes de sujet exprès. De tes souvenirs, il y en avait aussi en Afrique alors autant creuser à côté pour revenir plus tard au premier trou. Peut-être qu’aujourd’hui, tu arriverais à quelque chose.

L’espoir fait vivre.

@Mischa Van Ryneveld

Awful

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WEEP, LITTLE LION MAN

Il y a des moments auxquels on ne s'attends pas. Un mélange de circonstances étranges, dues à l'humeur, dues à l'heure, à l'endroit, à des petites coïncidences qui changent nos routines etnous ébranlent discrètement.

C'était étrange d'entendre Wei parler de sa sœur à lui. Sûrement parce que le lien entre eux deux était fait de macchabés. C'était ça, leur relation habituelle. Les morts. Ceux qu'on a pas pu sauver, ceux qu'on veut étudier, ceux qu'on remettra sous terre inlassablement. Wei c'était juste une contrainte supplémentaire qu'on s'infligeait en surveillant le cimetière. Alors l'entendre parler de quelqu'un qui parle, qui crie, qui bouge, qui aime, cela semblait tellement décalé avec leurs habitudes qu'elle ne savait plus trop quoi faire avec cette information, qui semblait détruire l'image de cet homme qu'elle associait toujours passivement à la mort.

▬ Vous avez une ville qui s'appelle "Lion"? Dans un pays où il n'y en a pas naturellement? Qui sont les crétins qui l'ont appelé comme ça.

Elle avait prononcé ces mots sans sa verve habituelle. Des mots plat, comme son regard qui se perd dans le pelage holographique du lion devant eux. Elle avait déjà du mal à parler de sa vie avant l'exploration et la voilà maintenant qui parlait d'un monde encore plus vieux. Et à chaque seconde elle semblait imaginer le rire de sa sœur à elle. Avait-elle aussi une voix suraiguë? Ou bien plus grave? Le son qui résonnait dans a tête devenait une hallucination illisible entre la mémoire et l'imagination, tant bien qu'il lui semblait maintenant qu'elle est Wei avait la même petite sœur.

▬ Je sais plus ce que c'est un pangolin, ça ressemble à quoi. Ils en ont peut-être parfois, ici.

Et après un petit silence elle rajoute.

▬ Elle s'appel comment ta sœur.

Comme pour s'obliger à la dissocier de la sienne.