❝ can you feel my heart

Le match est terminé. Tu n'as même plus la force d'applaudir ton champion préféré. Assis contre le mur, les jambes rabattues contre le torse, c'est un peu déprimé que tu t'es mis à l'écart de la foule en délire.
Une bouteille dans la main et les doigts enrubannés à force de frapper le mur comme un drama queen en période dépressive avancée - tu refuses de t'ambiancer avec les autres.

Ton regard effacé s'égare péniblement sur les visages inconnus jusqu'à se poser sur un visage familier. Tu la reconnaitrais entre milles, pour l'avoir espionné pendant des semaines durant vos missions il y a cinq ans. Elle a grandi (est devenue femme accomplie) mais cela ne t'empêche pas pour autant - au contraire - d'être toujours indubitablement attiré par son aura.
Oh bien sûr Valerian, tu n'as pas oublié qu'elle était à l'époque l'une des rares à voir dans ton jeu et ce souvenir t'inquiète davantage du fait que tu la vois discuter au loin avec Alaric.

— « Jamais tranquille à ce que je vois. »

La boule au ventre, tu te déplaces sournoisement, penché en avant au travers des gens agglutinés autour du ring - pour te rapprocher d'eux deux.
Tu cherches à capter le regard d'Alaric malgré la distance et décides de suivre Mischa lorsque celle-ci s'éloigne finalement du champion.

Sachant qu'elle va emprunter la grande porte, tu te places à la sortie, sur son chemin.
Adossé à l'encadrement bras croisés et yeux fermés, tu fais semblant de rien jusqu'à lever la jambe pour lui faire un croche-patte lorsu'elle passe devant toi.

Tu ouvres un oeil et la toises en bas (vu d'en haut) et articules d'une voix mielleuse.

— « Hey. Ça fait longtemps. Quel bon vent t'amène ? »

Si ce n'est de pourrir mon air.

When you're tossing, when you turn in your sleep It's because I'm ghosting your dreams

can you feel my heart

Elle sortit enfin des coulisses de l'arène pour de bon, se dirigeant vers l'unique sortie publique, les bras ballants, le cœur lourd, peu décidée encore si elle avait bien fait de venir ici. Si quoi que ce soit, c'était un cruel rappel que non, elle n'était pas passée à autre chose, au moins pas autant qu'elle n'essayer de s'en persuader chaque jour.

Hey.

Elle se stoppa net. Encore une voix qu'elle n'avait pas entendue depuis longtemps. Il avait finit de muer, tant mieux pour lui. Elle ne daigna pas bouger de suite.
Mischa n'avait jamais vraiment aimé Valerian. Elle ne l'avait pas détesté outre-mesure, mais il l'énervait. Le ton mielleux, les airs de victimes, mais à son égard il n'avait jamais eu que du poison. C'est un gamin laisse couler. Non. Ce genre de règles-là ne s'appliquaient plus aujourd'hui. On arrêtait d'être un gamin à huit ans, on était un adulte à douze, et à quatorze, si on avait un peu de chance, on crevait. Telle était leur vie.

Mais plus que leur passé, Mischa savait. Et quelque part, elle savait qu'il savait qu'elle savait. Et vu comme il sembler continuer à se nicher dans les jupes d'Alaric, elle n'eût aucun doute sur la raison de ces chaleureuses retrouvailles. Elle était trop morte pour donner le bénéfice du doute.

Elle planta son regard dans le sien. Et laisse le silence peser de longues secondes, bien exprès. Elle n'avait pas envie de jouer le jeu. Elle n'avait pas envie de lui parler. Et également, elle avait bien envie de se moquer un peu.

▬ Tékitoi.

Alors mieux fallait prétendre oublier.

Tu t'attends à une réaction, même infime, de la seule fille que tu as jamais considéré. Tu te souviens de son attitude déjà à l'époque Valerian. Tu ne pouvais pas t'empêcher de la charrier, et elle a peut-être bien fini par te détester.
Mais honteusement, tu avais osé espérer qu'après quatre ans, elle eusse pu tourner la page.
Pardonné, même.

Dans l'attente faussement détaché de sa réponse, tu t'enflammes trop vite lorsqu'elle questionne ton identité. Tu serres les dents et les poings, et la fusilles du regard avec un mépris cette fois à peine dissimulé.

— « Pardon ?! »

Tu fais deux pas vers elle, tellement agacé que tes pieds s'enfonceraient presque dans le béton. Tu lui attrapes la manche pour la forcer à s'arrêter et à te faire face.

— « Tu sais très bien qui je suis bouffonne. Fais pas genre tu m'as oublié. T'es venu dire quoi à Alaric ? »

When you're tossing, when you turn in your sleep It's because I'm ghosting your dreams

can you feel my heart

Comme un roquet qui jappe sur le gros toutou pépère qui n'a rien demandé, il part au quart de tour, sensible à la moindre bride de provocation quand tant d'autres auraient été oh si reconnaissants de se faire ignorer de Mischa. D'une certaine façon, c'était un sentiment nouveau qu'on s'accroche à elle, comme cela, même pour des raisons belliqueuses. En général on lui donnait un coup de pied au derrière en lui indiquant la sortie.

Elle roula des yeux si fort qu'elle eût l'impression qu'ils sortent de leurs orbites. Quelle plaie. Parfois elle avait envie d'arracher Alaric loin de ce sale poison humain, mais immédiatement après les mots "à quoi bon" lui venaient en tête. Elle avait toujours dit que c'était un sale rat. On lui avait dit toujours répondu "mais c'est qu'un môme". Foutaises. Ils étaient tous des mômes. Elle n'avait pas de pitié à avoir pour lui.

Elle prit une mine presque dégoûtée et cracha sa réponse.

▬ Lui demander ta main en mariage ducon.

La vérité est qu'elle n'avait rien a cacher. Sa conversation avec le champion de l'arène avait beau être privée Valerian n'avait même pas été mentionné. Parce que c'est tout ce qu'il était pour elle. Rien, un mauvais souvenir, nulle part dans sa nostalgie d'antan, nulle part dans ses perspectives glauques de futur. Il serait une tombe de plus à creuser quand on se sera lassé d'avoir pitié de lui. Et elle ne creusera pas trop profond pour celle-là, les nuisibles peuvent avoir son corps s'ils le souhaitent.

▬ Tu crois vraiment que ma vie tourne autour de toi? Grandis sale crevette emo.

Dis celle qui a arrêté d'évoluer depuis quatre ans.

Tu t'empourpres à sa remarque, mais tu ne saurais définir si c'est de rage ou de gêne. Pris au dépourvu, ça c'est clair.
Tu avais eu jadis un crush pour cette fille, l'idée même que cela puisse avoir été un jour réciproque n'avait jamais existé - mais qu'elle ose en jouer pour se foutre de ta gueule ?! Honte à elle, honte à elle. Tu pestes silencieusement en détournant le regard, puis te racles la gorge pour étire un sourire mauvais et édenté.

— « Parle mieux, pimbêche. »

Tu la toises et inspires bruyamment, restant planté sur son passage pour l'empêcher de partir. L'insulte glisse sur toi et te touche à peine, habitué à être rabaissé dans l'arène par tous les types gonflés de testostérones (te prenant pour leur laquais ou le garçon du ménage) et par toutes les filles posant un seul oeil sur toi et ta carrure de squelette.

— « Tu réponds pas à ma question. Je veux savoir ce que tu lui as dit ! »

Tu fais quelques pas en avant, pointes des pieds pour lui souffler - l'haleine aussi fétide que tes idées noires. Jalousie mal placée pour un ancien couple que tu aurais pris du plaisir à détruire à l'époque, si tout se cassait pas déjà la gueule de soi-même.

— « Ta vie tourne pas autour de grand chose de ce que j'ai pu entendre sur toi. »

» Only good vibes when we're here ━ Mischa x Jondhy