Anoukis se disait “quand je faute, je préfère me cacher, de peur de me faire crucifier” et Anoukis s’écoutait, car elle pensait fort qu’on allait la lapider. Elle était dure envers elle-même, alors les autres le seraient tout autant. Personne ne lui faisait confiance, du moins s’en était-elle persuadée. À l’intérieur, au cœur de son esprit, raisonnait la peur de mal faire, de décevoir aussi.

Qui l'écoutait ? Qui venait lui demander conseil ? Qui voulait entendre des excuses maladroites ou encore des analyses interminables ? Analyse du monde qui l’entoure, des raisons de son existence, de ce fatras grouillant qu’on appelait colonie. Anoukis se parlait beaucoup, en murmurant et se répondait en quête de nouvelles idées. Éternelle versatile, ici les gens vous ignoraient facilement.

En fait, rien ne changeait, ses idées d’autrefois demeuraient bien ancrées, mais ne faut-il pas mentir pour espérer ? L'optimisme lui manquait, voilà tout. Quelqu’un, possédait-il un manuel qui expliquait les mille et une façon de croire ? Non, une seule façon suffisait. Puis, ça ne lui plaisait plus et prise d’une colère fugace, la demoiselle ne désirait plus faire semblant.

Rien n’irait plus, les joues cramoisies, la langue qui fourche, le regard fuyant, tous s’évaporaient. “Non, non, ils doivent savoir, il en est de mon devoir de leur faire affronter la réalité” et Anoukis s’exécutait. Où se situait l’équilibre à atteindre ? Comment les autres y parvenaient sans sourciller ? Qu’est-ce qui lui échappait ? Seul, le concret apaisait son esprit, les nuages demeuraient sans plus de surprise que cela, inaccessibles.

On désire ce qui nous échappe, la demoiselle le comprenait mieux que personne et se promettait d’arrêter d’être aussi prosaïque. Pourtant, c’est ce que l’on lui demandait, on l’appréciait grandement cette qualité. L’être qui en abusait ne s’élevait pas, mais quand le monde tente par tous les moyens de ne pas sombrer, sa porte de sortie en dépend. Mais Anoukis se disait “moi aussi, je veux rêver”.

-Avant :
Le sable allait se faufiler un peu partout et venait lui provoquer des démangeaisons désagréables. Le soleil éclatant l’obligeait à s’appliquer régulièrement de la crème solaire et rendait l’atmosphère étouffante. Le vent sec et chaud provoquait la soif, la petite toussota d’ailleurs, comme depuis le début du voyage. Ses parents avaient encore plus de mal à le supporter, eux qui venaient d’une région boisée. Pourtant, ils jugèrent nécessaires de la ramener à son lieu de naissance, là où ses origines prenaient racine.

-”C’est ici que tu es née et ici que l'on t'a vu pour la première fois, moi et ta mère.”

D’un coup, la peur lui tordit l’estomac, ses boyaux, sa gorge aussi, qu’est-ce que ça signifiait ? Ils désiraient la rendre à son pays ? Ne plus la garder ou pire la remplacer ? Par un autre enfant, un enfant plus sage, moins enquiquinant ? Les larmes vinrent en masse sans qu’elle ne puisse se contrôler. Essayant de les essuyer le plus vite possible, ses ongles égratignaient ses joues. Elle répétait en boucle : “Pourquoi, pourquoi, ai-je fait quelque chose de mal ? S’il vous plaît, non, non, non !”.

Elle ne se souvient pas de leur réponse.

-01 : le réveil.
Anoukis avait 9 ans.

Le monde qu’elle découvrit ne lui fit ni chaud ni froid, parce que son passé, malheureusement, resta intact. A contrario, de la majorité de ses collègues qui ne semblaient pas se souvenir de grand chose. Tant mieux ? Peut-être pas, l’enfant trouvait important de conserver ces informations. Très vite, elle se rendit utile et mettait au service de la communauté sa polyvalence.

-04 : Draconis.
Anoukis avait 12 ans.

L'ennui et l’adolescence, un mélange explosif, la conquête de Draconis datait de peu, alors sa curiosité prit le dessus. Ses débuts en tant que scout se firent à cette période, cela changeait de son quotidien pour son plus grand bonheur. Elle se servait d’une machette, accompagnée d’une dague, un savant mélange selon sa propre expertise. Malheureusement, il arrive un moment où parfois la confiance prend trop de terrain et étouffe la prudence, cela résulte généralement en une catastrophe.

-09 : Altaïr.
Anoukis avait 17 ans.

La perte de sa jambe droite, ainsi que de son avant-bras droit motiva la jeune fille à aller voir ailleurs. De toute manière, elle ne participait qu’à de petites expéditions et s’être mise ainsi en danger provoqua une grosse remise en question. Altaïr sembla être le meilleur endroit pour prendre un peu de temps pour soi et réfléchir. Cette existence ne menait à rien, voilà ce qu’elle en conclut, mais le courage lui manqua pour y mettre fin.

-011 : Andromeda.
Anoukis avait 19 ans.

Prendre un peu l’air, s’éloigner et se retrouver au plus près du Nouveau Monde. Cela lui fit un bien fou, le moral au beau fixe, elle devint gestionnaire dans la foulée. Pour la première fois de sa vie, elle établit de véritables liens, enfin, elle se décidait plutôt à socialiser de manière saine. Du moins, le pensait-elle à cet instant et depuis ses convictions n’ont pas changé. Son travail satisfaisait tout le monde, alors quand on lui glissa l’idée de prendre la place vacante du représentant cela lui plut. Attendons de voir si elle fera du bon travail.